Le 14 novembre 2016
Par Dominique Pasteur
Le projet : trois séances
Projet mis en place en 6ème Segpa, conjointement par la CPE et une professeure des écoles en charge de l’EMC et de l’art musical.
Trois séances sont nécessaires.
Première séance : le clip sert de point d’appui
Lors de la première séance, le clip sert de point d’appui pour donner la parole aux élèves et faire émerger les points définissant le harcèlement scolaire.
Voici une liste des impondérables à énoncer, tous les termes cités provenant des paroles de la chanson ou des images du clip.
A quoi peut correspondre le harcèlement :
– les surnoms : « Bouffe tout »
– les moqueries : « Trop d’élèves ne faisaient que se moquer »
– l’isolement : « Partout elle se sentait rejetée »
– la violence physique : « Tantôt frappée »
– la violence verbale : « Tantôt injuriée »
– les injures sur les réseaux sociaux : « Sur les réseaux sociaux ils l’appelaient la dégueulasse » ; « Des photos d’elle tournaient montrant son ventre qui dépasse »
– grimaces, gestes : dans le clip, ballon sous le tee-shirt, grimace de l’élève qui la croise
– humiliation en groupe : « Enfermée dans le vestiaire pour la doucher »
Sur quoi peut porter le harcèlement :
– le physique : « Rondelette »
– les bonnes notes : « Bonne élève elle essuie les critiques de quelques jaloux »
– elle vient de la campagne isolée
En dehors des exemples de la chanson, le rejet de la différence peut se faire sur :
– un handicap
– l’appartenance à un groupe social ou culturel particulier
– des centres d’intérêts différents (danse pour les garçons, rugby pour les filles…même si ces exemples sont très stéréotypés)
– un trouble de la communication qui affecte la parole (bégaiement/bredouillement/zozotement), comme cela a pu être le cas pour Christophe Lemaitre, champion d’athlétisme. Nous avons utilisé deux vidéos pour illustrer ce point : l’interview où il parle du harcèlement qu’il a subi au collège où il bégaie à nouveau bien que déjà champion. Sa timidité et ses difficultés reprennent le dessus quand il parle de cette étape difficile de son adolescence. Il a tellement été marqué qu’il retrouve un positionnement d’ado harcelé. Puis une vidéo d’après course (Rio 2016 par exemple) où il est fier, se tient droit et ne bégaie plus du tout, nous entendons moins son zozotement.
Pourquoi les adultes ne voient rien :
Émilie ne dit rien à sa mère : par honte, souvent les victimes ont honte de ne pas savoir s’en sortir seules, donc ne disent rien en se demandant aussi : pourquoi elles/eux.
Elle ne dit rien à sa mère ne voulant pas l’affoler : peur de trop l’inquiéter, de lui créer des soucis en plus de ceux qu’elle a peut-être au travail, puis après, c’est trop dur de se confier.
Certains adultes pensent que ce ne sont que des jeux : « devant les professeurs elle se fait injurier, mais ce ne sont que des enfants après tout ».
Certains adultes ne comprennent pas l’importance de bonnes relations dans un groupe d’adolescents.
Comment aider la victime
Une fois que les élèves savent reconnaître une situation de harcèlement, nous leur demandons leurs idées sur comment aider la victime, avec toujours des notions essentielles :
– lui proposer d’essayer d’ignorer
– ne surtout pas utiliser la violence, cela ne ferait qu’aggraver la situation
– l’emmener avec soi, la soutenir : les agresseurs osent moins facilement s’attaquer à un groupe
– ne pas rire quand elle se fait embêter
– ne pas participer en voulant faire comme les autres
– prévenir des adultes de l’établissement ou les parents de la victimes
– s’ils voient des publications sur les réseaux sociaux, prévenir la victime car elle ne les voit pas forcément.
Comment Émilie aurait pu s’en sortir
Puis, ils soumettent des propositions de comment Émilie aurait pu s’en sortir :
– en ne restant pas seule, en s’intégrant à un groupe
– en parlant à sa mère
– en parlant à un adulte de son collège en qui elle avait confiance
– en parlant au délégué de classe pour lui demander de l’accompagner auprès des adultes
– avec l’appui des adultes, porter plainte pour que son statut de victime soit reconnu
En conclusion de cette première séance, nous donnons aux élèves une définition du harcèlement : le harcèlement peut être défini comme une violence à long terme, verbale, physique ou psychologique. Il est le fait d’une ou plusieurs agresseurs à l’encontre d’une victime qui est dans l’incapacité de se défendre. Cette agression est répétitive avec une intention de nuire qui isole la victime.
Deuxième séance : inventer une histoire courte
Lors de la deuxième séance, nous organisons un vote de choix de thème musical parmi les chansons étudiées depuis le début de l’année. Puis, nous constituons des groupes de 3 ou 4 élèves. Chaque groupe décide d’inventer une histoire courte de situation de harcèlement pour que plusieurs situations de harcèlement soient évoquées. Puis, les élèves déclinent cette histoire en paroles appropriées à la musique choisie afin de constituer un couplet. Nous travaillons alors les tempos, les synchronisations musique-paroles.
Troisième séance : finalisation de la chanson
La troisième séance est la finalisation de la chanson en regroupant tous les couplets et avec un travail commun pour le refrain.
La chanson a été présentée à l’ensemble des élèves lors de la fête de fin d’année. Elle pourrait aussi être présentée lors de la journée de prévention du harcèlement scolaire début novembre, en préparant ce projet assez tôt dans l’année scolaire.