Le 17 mai 2017

Par Françoise Lambert

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Deux éléments clés sont au cœur de ces initiatives pédagogiques : l’apprentissage personnalisé et l’usage du numérique.

L’apprentissage personnalisé a besoin du numérique pour permettre de construire un apprentissage personnalisé, et sans apprentissage personnalisé, le numérique se contente de répliquer les formes traditionnelles d’enseignement. Ce terme d’apprentissage personnalisé recouvre des situations très différentes, qui forment un continuum de pratiques, alors que l’usage du numérique constitue généralement une constante présente dans l’ensemble de ces pratiques, mais avec des usages plus ou moins développés.

Le numérique, élément facilitateur d’une pédagogie différenciée :

L’usage du numérique s’est développé à l’université, pour plusieurs raisons :

  • Il constitue une mine d’informations qui peut contribuer à enrichir le cours ;
  • Il correspond à une exigence croissante sur le marché du travail ;
  • Il peut aussi favoriser une pédagogie active, en jouant en particulier sur l’interactivité des contenus numériques ;
  • Il permet de différencier les apprentissages : revoir le cours à partir de supports visuels par exemple, faire en ligne des exercices différenciés selon les difficultés rencontrées dans les apprentissages, etc.
  • Il favorise les formations à distance ou hybrides car il simplifie la conciliation famille/travail/études, et contribue ainsi à la démocratisation de l’enseignement supérieur.

La différenciation des apprentissages est un élément clé d’un apprentissage personnalisé, et donc adaptatif. Et « l’open data » permet de renforcer cet apprentissage : les données en ligne vont montrer quelles sont les difficultés spécifiques d’un étudiant, et l’aiguiller vers le « bon » type d’exercice, pour l’aider à progresser.

En ce qui concerne les formations à distance, le sentiment d’isolement amène souvent les étudiants à abandonner. Les chats et les forums permettent en partie de briser cet isolement, et les nouvelles avancées technologiques, comme les casques de réalité virtuelle renforceront bientôt la création de ces liens. Ces casques peuvent également devenir le moyen de pratiquer une « immersion » dans un thème d’enseignement, en étant virtuellement présent par exemple lors de la construction des pyramides, lors du discours de Martin Luther King…

Si l’ensemble des méthodes se revendiquant de l’apprentissage personnalisé utilisent le numérique, elles ne reposent pas toutes sur les mêmes bases, et l’enquête menée par Larry Cuban montre une large variété de pratiques.

La diversité des apprentissages personnalisés

À une extrémité de ce continuum, il y a les leçons qu’on peut qualifier de « centrées sur le professeur », dans une école « classique », avec des classes structurées par âge. Le travail se fait en petit ou en grand groupe alternativement, pour atteindre l’objectif de la leçon. Le professeur peut faire du coaching individuel en plus des cours magistraux, il prévoit des temps de collaboration entre les élèves… Ces derniers sont amenés à se servir d’applications pour s’auto-évaluer. Enfin, dans certains cas, il n’y a pas d’organisation annuelle des enseignements, et il est possible de commencer un cours n’importe quand, et d’aller à son propre rythme. Mais les programmes restent fixés en amont.

À l’autre extrémité du continuum, il y a l’apprentissage « centré sur l’élève », souvent à partir de structures de groupe inter-âge. Cet apprentissage se fait alors en partant de questions générales, qui combinent plusieurs disciplines (lecture, mathématique, sciences, sciences sociales…). Ici, les centres d’intérêt des élèves constituent le point de départ et l’approche développée est celle du mode projet.

Ainsi, dans les Big Picture Learning schools, les élèves créent leur « plan d’apprentissage personnalisé », et sont suivis par un mentor. Ils ne sont plus évalués sur la base de tests standardisés, mais sur leurs réalisations, comme ils le seront plus tard dans leur vie professionnelle.

De même, la KHAN LAB SCHOOL a adopté comme devise « Everyone’s a teacher. Everyone’s a student. » (Nous sommes tous des professeurs. Nous sommes tous des étudiants). Les élèves sont regroupés autour d’un projet, indépendamment de leur âge, et l’objectif affiché est qu’ils s’approprient leurs apprentissages.

Au centre de ce continuum, on trouve tous les types de méthodes hybrides :

  • Avant de passer au mode projet, par exemple l’enseignant fixe des apprentissages à réaliser, pour qu’un certain nombre de compétences soient préalablement acquises.
  • Même si la base est bien l’approche projet, les thèmes sont choisis par les enseignants,
  • Les élèves ont le choix entre plusieurs projets, mais le matériel de lecture et les décisions essentielles sont prises par l’enseignant, etc.

Ainsi, l’apprentissage personnalisé prend de multiples formes, mais ce qui est important, au-delà des différences, c’est l’implication des élèves dans leur formation, pour qu’ils ne soient plus que des consommateurs passifs. Et le numérique constitue un des moyens de cette personnalisation.

Sources :

Sur l’apprentissage personnalisé :

  1. https://larrycuban.wordpress.com/2017/03/22/a-continuum-on-personalized-learning-first-draft/
  2. http://www.bigpicture.org/
  3. http://khanlabschool.org/
  4. https://pnpi.org/issue-primers/prior-learning-and-competency-based-education/
  5. https://larrycuban.wordpress.com/2016/05/06/teachers-integrating-technology-second-grade-and-ipads-at-montclaire-elementary-school/
  6. https://ww2.kqed.org/mindshift/2015/12/08/is-the-public-system-scared-to-put-students-at-the-center-of-education/

Sur l’usage du numérique :

  1. http://www.lemonde.fr/etudes-superieures/article/2015/07/30/l-open-data-invente-l-education-personnalisee_4704373_4468191.html?xtmc=l_open_data_invente_l_education_personnalisee&xtcr=1
  2. http://www.ecampusnews.com/featured/featured-on-ecampus-news/learning-look-like-2025/?all
  3. http://pedagogie.uquebec.ca/portail/system/files/documents/membres/letableauvol6_no2_scollin_depot_0.pdf